Le long questionnement de Janine

La Femme Adultère d’Albert Camus fait partie d’un recueil de nouvelles L’Exil et le Royaume. Camus était un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, et il a aussi été un journaliste militant engagé dans la Résistance française. Il a écrit ces nouvelles assez tard dans sa vie puisqu’elles sont parues en 1957, trois ans avant sa mort.

Dans cette nouvelle, l’auteur nous plonge dans la vie de Janine et Marcel. Ce sont deux français installés en Algérie depuis quelques années. Ils vont effectuer un voyage vers les plateaux du sud de l’Algérie pour que Marcel puisse vendre directement aux marchands arabes le tissu de l’entreprise familiale qu’il a reprise. Dans le bus qui les emmène, Janine découvre le désert, rencontre de nouvelles personnes et voit de nouvelles cultures.

C’est aussi l’occasion pour elle de se poser de nombreuses questions. Elle s’interroge sur son mariage et sur l’amour qu’elle porte à Marcel. Elle remet en question ses vingt ans de mariage qui l’unissent à un homme qui ne lui donne comme satisfaction que de se savoir nécessaire. Elle se questionne également sur la vie qu’elle aimerait vivre.

Quand Janine a rencontré Marcel, elle n’est pas tombée amoureuse de son physique mais plutôt de son courage à vivre. Elle rêvait d’une vie libre mais avait peur de vieillir seule. Ainsi, même s’ils n’avaient pas trop les mêmes centres d’intérêts, cela ne l’a pas freinée et elle l’a quand même épousé. Elle avait besoin d’être aimé et lui, a comblé son besoin. Elle a ensuite plongé dans une vie qui n’était pas réellement celle dont elle rêvait.

Janine a tenu à l’accompagner car elle ne voulait pas qu’il se sente seul. Une fois sur place, quand elle s’est retrouvée seule, je pense que c’est à ce moment précis qu’elle a réalisé qu’elle était vraiment malheureuse. Le titre de la nouvelle nous laisse imaginer que Janine trompe son mari. Avec la mystérieuse apparition de l’officier Chacal, on peut penser que c’est cela qui va se produire mais à la fin, on découvre que rien de tout cela ne s’est produit : Janine l’a trompé avec elle-même. La nouvelle se termine par une scène que je trouve plutôt émouvante et que j’apprécie : alors que Janine dormait avec Marcel « elle sentait seulement sa solitude, et le froid qui la pénétrait, et un poids plus lourd à l’endroit du cœur ». Elle décide de fuir, de courir le long de la ville endormie. Elle libère son angoisse en courant sans but précis. Personne ne la regarde alors qu’elle cherche à établir un contact avec l’extérieur. Dès les premières lignes, nous comprenons qu’elle n’est pas du tout à sa place, que ce voyage ne va pas la rendre heureuse mais « il eût fallu trop d’énergie pour refuser ». Janine et Marcel n’ont aucun souci financier grâce à l’intérêt que Marcel porte à ses affaires. Mais il n’y a-t-il pas plus important que d’avoir un toit ? Janine pense de façon plutôt libre, elle admire les nomades « qui n’ont rien mais ne servent personne » : ils vivent librement au jour le jour avec leurs coutumes. Alors que Marcel lui, se soucie de toujours d’avoir une situation stable.

Dans cette nouvelle, on retrouve aussi l’amour que Camus porte pour l’Algérie qui est son pays natal, en le décrivant de manière méliorative. Il nous offre ici une exceptionnelle nouvelle qui est agréable à lire et qui nous délivre une belle émotion.

Pauline B. 2D1

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