Un Roman Poignant

Anaïs Llobet est journaliste. Elle a écrit Des Hommes Couleur de Ciel en étant correspondante de l’AFP à Moscou. En Tchétchénie, le mot « homosexuel » n’existe pas. On utilise donc une périphrase « stigal basakh vol stag » qui signifie « homme couleur de ciel ».

Dans la belle et paisible ville de La Haye, un événement sème la panique : Kirem Akhmaïev, 17 ans est accusé d’avoir commis un attentat dans son lycée. Une enquête s’ouvre et remet en cause l’innocence de trois Tchétchènes exilés aux Pays-Bas afin de reprendre leur vie de zéro. C’est un récit poignant dans lequel nous découvrons Kirem, son frère Oumar, et leur professeure de russe Alissa, ainsi que leur histoire et leurs racines.

Cette ville de La Haye est finalement moins paisible que ce que l’on croyait, et l’autrice nous fait voyager également dans une Tchétchénie ravagée par la « kkheram », cette peur plus puissante que la simple terreur. Anaïs Llobet évoque aussi les attentats tragiques produits par des Tchétchènes radicalisés comme par exemple la prise de neuf-cents otages dans le théâtre de Moscou le 23 Août 2002 qui fit cent-soixante victimes.

On doit l’originalité de ce roman au fait qu’Anaïs Llobet s’est inspirée d’un ami tchétchène qui mène réellement une double vie afin de pouvoir être libre de choisir son orientation sexuelle même si la peur de se faire persécuter par des tchétchènes qui veulent « laver l’honneur de leur clan » est constante. On la doit également à la diversité des points de vue des personnages. Elle nous donne l’impression d’être dans leurs pensées, et nous apporte une certaine proximité avec eux. Elle confiait au Monde des Livres que « c’était si tabou d’être homosexuel dans sa culture qu’il s’était construit une deuxième identité – tout à fait à part et très compartimentée de sa vie tchétchène […] Une deuxième personne à l’intérieur de lui. Pourtant, il vivait aux côtés de sa famille qui, si elle l’apprenait, l’aurait fait tuer. » Ainsi parfois « il disparaissait du jour au lendemain car son frère le soupçonnait d’être homosexuel. Il réapparaissait lorsqu’il avait l’impression que celui-ci avait passé l’éponge. […] Un jour, son frère a voulu partir en Syrie. Il a été arrêté avant, mais on a trouvé des carnets dans lesquels il projetait de commettre un attentat dans un lycée. ». Une question lui est alors venue : « Comment parvenait-il à vivre, même en Europe, avec deux identités si incompatibles et au sein d’une famille qui représentait un danger pour lui ? ». C’est ce qui a fait germer en elle l’écriture de cette incroyable histoire.

C’est un livre fort, qui raconte une histoire fictive tirée d’une réalité tragique. Anaïs Llobet a su nous en faire prendre conscience en évoquant l’exil, une Tchétchénie bouleversée par la guerre et en créant une atmosphère tendue entre Oumar et sa famille radicalisée.

Cette histoire bouleversante vous ouvrira les yeux sur les difficultés d’intégration ainsi que sur la stigmatisation des différences culturelles.

Axelle 2D1

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