La Bulgarie des années 1980-1990 vue par une enfant

Les cosmonautes ne font que passer est le premier roman d’Elitza Gueorguieva qui avait sept ans dans la Bulgarie communiste au moment de la chute du mur de Berlin.

Notre coup de cœur du mois est court et facile à lire. Il nous raconte la fin du communisme à travers le quotidien d’une fillette. De ce fait, le texte a une absence de hiérarchie flagrante dans les événements. C’est-à-dire que toutes les informations sont autant développées les unes que les autres. Afin de retrouver ce ton enfantin, l’auteure a utilisé le journal intime qu’elle tenait dans son enfance, ce qui a pour conséquence que, pour cette petite fille, il est tout aussi notable que sa grand-mère vienne jouer avec elle qu’on annonce la fin du régime communiste.

L’écriture est agréable et presque comique avec des questions à choix multiples au début de nombreux chapitres comme si on était dans un livre dont on est le héros. Une autre raison de cette écriture particulière est que le français n’est pas la langue maternelle de l’auteure comme elle le confiait au Monde des Livres: « je me disais que j’allais faire des fautes, que je n’étais pas prête. On m’a appris que les petits décalages de mon langage pouvaient faire ma richesse ».

Au fil des pages, on s’attache à l’héroïne qui a pour modèle dans la première partie du livre, sous l’ère communiste, Iouri Gargarine, le cosmonaute qui avait donné son nom à son école. Et dans la seconde, en pleine transition démocratique, Kurt Cobain. Ses rêves de gloire et de réussite façonnent l’histoire et la font sortir de son quotidien miséreux. Ses rêves lui permettent de réfléchir sur sa place en tant que jeune fille prolétaire, jusqu’à développer seule des pensées féministes sous un régime autoritaire.

Ce roman ne fait pas la part belle au communisme, bien au contraire, mais ce régime, certes autoritaire, avait le mérite d’apporter une forme de stabilité que la Bulgarie n’a pratiquement jamais retrouvée. Comme elle le disait dans une interview à la librairie Mollat : « d’un coup les rues ont changé et en quelques mois, les traces visuelles de leur enfance ont disparu ». A cause de cela, des personnes se sont retrouvées encore plus pauvres qu’elles ne l’étaient et son grand-père communiste de la première heure est devenu fou.

Ce fut un délice de lire ce premier ouvrage qui n’est pas une autobiographie mais une fiction adaptée de son histoire, l’histoire de millions d’enfants de la fin du XXème.

Nathan 2D1

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