Plus de 4 ans après la catastrophe de Fukushima, le mercredi 20 octobre 2015 le Japon reconnaît le premier cas de cancer lié à la catastrophe nucléaire. Catastrophe ayant profondément marqué les plus jeunes, Fukushima revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Retour sur ce désastre et sur ses conséquences pour l’environnement.
11 mars 2011, après un séisme de magnitude 9 et un Tsunami, le monde entier a les yeux tournés vers le Japon. Peu après, des nuages radioactifs envahirent la région entrainant une véritable catastrophe naturelle et humaine. C’est le mercredi 20 octobre 2015, soit plus de quatre ans et demi après ce tragique accident que les autorités japonaises ont pour la première fois reconnu l’existence d’un lien entre la leucémie d’un employé et la catastrophe. « Ce cas remplit les conditions » a lancé un employé du ministère de la santé japonais, alors que par le passé plusieurs autres dossiers ont été refusés quand bien même les individus contractaient eux aussi de graves maladies. L’ex-ouvrier est un trentenaire ayant fréquenté le site de Fukushima entre octobre 2012 et décembre 2013 pour le travail après l’accident. « Il s’agit d’un employé d’une entreprise intervenant à Fukushima, et non d’un salarié de Tokyo Electric Power (Tepco) » a indiqué le porte-parole de la compagnie. En guise de compensation, l’individu verra l’intégralité de ses soins médicaux payés et il sera aussi dédommagé pour son inaptitude au travail.
De gros risques pour des milliers de travailleurs
Peu après l’entrée en fusion de trois des six réacteurs de la centrale japonaise, un grand nombre de travailleurs, 45 000 depuis 2011 d’après le groupe Tepco, ont accouru sur le site pour tenter de reprendre le contrôle des installations. Nombre de tentatives pour refroidir les réacteurs ont été tentés mais toutes ont échoué. Plusieurs ouvriers ont reçu des doses radioactives pouvant entraîner des cancers et d’autres maladies graves. Pour Greenpeace « C’est un coup dur pour l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a jugé en septembre que peu d’effets sur la santé étaient à redouter de la catastrophe de Fukushima ». De plus, des tests ont également été effectués dans les alentours de Fukushima sur près de 300 000 habitants en 2011, plus de 100 cancers de la thyroïde y ont été recensés ! Cependant on ne peut exploiter ses résultats car aucun test de la sorte n’a été effectué avant la tragédie.
Quelles conséquences pour l’environnement ?
Dans les heures qui suivent le drame, un grand rejet d’iode radioactif a eu lieu : 408 milliards de Becquerels, une quantité importante, mais 10 fois moins qu’à Tchernobyl en 1986 ! Cet iode radioactif, n’a représenté un réel risque sur l’environnement que durant un temps très court car sa période radioactive n’est que de quelques semaines. Mais cela a peut-être été suffisant pour impacter la population.
Toutefois, un important rejet de césium radioactif a été mesuré, 58 milliards de Becquerels pour les autorités japonaises. Cela représente un risque réel pour l’environnement comme le souligne Didier Champion, spécialiste de la question environnementale, « le césium 137 a une période radioactive de 30 ans, il reste aujourd’hui 98% de sa radioactivité initiale dans l’environnement, un taux qui sera encore de 81% en 2020 ». D’autres effets indirects sont supposés comme des impacts sur la faune et la flore qui d’après Didier Champion sont difficilement détectables. Didier Champion dit « il faudra voir cela au fil du temps ».
Le débat sur le nucléaire relancé ?
Après Fukushima, d’importantes mesures contre le nucléaire avaient été prises, préconisant l’arrêt de toutes les centrales au Japon depuis septembre 2013.
Cependant au cours de l’été 2015, un premier réacteur nucléaire a été relancé au Japon. « Le réacteur numéro 1 de la centrale de Sendai a redémarré à 10h30 » déclarait alors un porte-parole de la compagnie Kyushu Electric Power. Les autorités justifient leur choix par une nouvelle réglementation entrée en vigueur en 2013 qui dit vouloir « rendre les centrales nucléaires plus aptes à faire face à une catastrophe naturelle, un attentat terroriste ou un crash d’avion ».
Pourtant cette décision ne fait pas que des heureux, «l’accident de Fukushima n’est toujours pas résolu et toutes les causes ne sont pas même élucidées, alors pourquoi relance-t-on aujourd’hui un réacteur ?» témoignait une ancienne habitante de Fukushima lors d’une manifestation réunissant 200 personnes. Aussi, «la vie des personnes et l’environnement sont plus importants que l’économie, plus précieux que tout» scandait une partie des 200 manifestants. Même si leur nombre est peu élevé ces manifestants ont rencontré le soutien d’hommes politiques Japonais comme Naoto Kan, Premier ministre durant la catastrophe, qui a qualifié « d’erreur » la réouverture d’une centrale.
Fukushima est et restera une catastrophe à l’issue tragique qui bouleversa l’environnemental Japonais et mondial, et qui a le don de relancer un débat ancien celui du nucléaire. On peut alors se demander pourquoi l’économie est privilégiée par rapport à l’environnement à l’heure où EDF a annoncé la construction de deux réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne. La COP 21 qui a eu lieu dernièrement à Paris pourra-t-elle y changer quelque chose ?
H.D