Les élèves en enseignement d’exploration « patrimoines » du lycée F. Darchicourt ont imaginé une parenté imaginaire, un lien de filiation, du plus évident au plus ténu, entre les œuvres exposées lors de l’exposition 100 chefs-d’œuvre de Versailles au Musée des Beaux-Arts d’Arras et le patrimoine des musées de la région Nord-Pas de Calais. Découvrez cet étrange arbre généalogique, laissons les œuvres prendre la parole…
J’ai côtoyé une reine de France…
Je suis une harpe, l’un des plus anciens instruments de musique, un instrument à cordes pincées de forme triangulaire, et munie de 36 cordes tendues de longueurs variables, dont les plus courtes émettent les plus aiguës.
J’ai appartenu à Marie-Antoinette qui fut la dernière reine de France et de Navarre (du 4 septembre 1791 jusqu’au 10 août 1792) et épouse de Louis XVI, lui aussi roi de France et de Navarre. Mariée à l’âge de 14 ans, ma reine a cultivé une véritable passion pour la musique depuis son enfance passée à la cour de Vienne. Hinner lui a enseigné la harpe, et La Garde était son maître de chant.
Mon créateur est Jean Henri Naderman qui fut le luthier de la reine Marie-Antoinette. Il me fabriqua selon le style rocaille…Venez me rendre visite à Arras !
Je suis une usurpatrice, une menteuse…
Longtemps, on a cru que j’étais un des rares témoignages d’un instrument de musique du XIVe siècle. Je suis de petite taille (42 centimètres). De plus, je possède un nombre de cordes important, et je ne possède point de caisse de résonance, ce qui rend mon utilisation peu pratique.
Les spécialistes pensaient que je datais du XIVe siècle, car des scènes bibliques sont sculptées en bas-relief. La scène de nativité est représentée sur ma tranche, l’adoration des mages sur la droite et le massacre des innocents sur la gauche. Ce travail sec et anguleux contraste avec le reste du décor. Je suis composée à la fois de matériaux organiques et de minéraux, c’est-à-dire d’Ivoire d’éléphant et de bois.J’ai été donné par la Baronne Arconati-Visconti, une riche collectionneuse et grande donatrice du Louvre qui m’offrit à celui-ci. C’est alors que la supercherie fut découverte.
Je suis en réalité une fausse harpe si l’on me place dans la période fin Moyen-Age ou début Renaissance, tandis qu’on pourrait se dire que je suis un « vrai » (néo-gothique) si j’étais exposée dans une salle sur les arts décoratifs.
Pour me découvrir, vous devrez visiter les coulisses du Louvre-Lens, le mensonge sur mes origines m’interdit d’être exposée dans la Grande Galerie !
Jayson Franquenoul (un grand merci à l’équipe de médiation culturelle du Louvre-Lens)