Sans surprises, les Français ont pris d’assaut les maisons de presse mercredi matin (14 février) pour s’emparer d’un des 700 000 exemplaires du « numéro des survivants » de Charlie Hebdo, tous volatilisés en un temps record.
La matinée de mercredi était classée noire pour les buralistes. Après l’attentat Charlie Hebdo la semaine dernière, difficile d’esquiver le « numéro des survivants » dont la majeure partie y est consacrée. Et pour le coup, on peut dire que c’était de la folie. À chaque coin de rue, des dizaines de personnes s’entassent devant les librairies bien déterminées à embarquer un exemplaire. « Il me faut mon Charlie Hebdo », nous dit Malika. Comme elle, la plupart était là avant ouverture : « Je suis ici depuis 7 h 45, c’est calme. Tout à l’heure à Vitry en Artois les gens arrivaient comme des malades ! Ils allaient se battre, on se serait cru en Pologne » témoigne une des personnes de la file d’attente. Et forcément avec moins d’un million d’exemplaires on ne risque pas d’aller bien loin. Parfois, cela se termine avant même d’avoir commencé : « J’en avais 25, ils sont tous partis en 2 minutes chrono, les gens se sont jetés dessus » affirme un buraliste héninois. Et même à Auchan Noyelles-Godault, on peine à servir tout le monde. Seulement 3 exemplaires pour une cinquantaine d’affamés.
C’est partout le même refrain : Charlie Hebdo est introuvable. Le pays entier sera finalement en rupture de stock vers 9 h 30-10 h. Pour certains on jette l’éponge, mais on dira que c’est partie remise : « C’est de la folie, je vais attendre demain » dit Christian. Les plus acharnés, eux, ne sont pas décidés à repartir bredouilles. Béatrice fait les librairies depuis 6 h 30 : « J’attendrais s’il le faut, mais j’aurais un regret… Demain, ça ne sera plus la même chose » raconte-t-elle.
Et si on parle de demain, c’est parce qu’évidemment Charlie Hebdo a prévu une parade. Le cota grimpera à 5 millions d’exemplaires afin de réapprovisionner les maisons de presse jusque lundi. On veut surtout éviter que le journal s’arrache à prix d’or sur le net. Sur EBay, les revendeurs se frottent les mains en voyant grimper les enchères. Ce matin 11 h, le Charlie Hebdo de la semaine dernière est passé de 151 à 252 € en quelques secondes, la même heure une vente s’achève à plus de 1000 €. On vend même le journal en PDF pour une dizaine d’euros. Plus fou encore, « » le numéro des survivants » avait été mis en vente la veille de sa parution au prix de 280 €. Mais la palme d’or est de loin attribuée à celui qui cède son exemplaire contre la modique somme de 100 000 €. Au cas où, la livraison est gratuite.
Corentin Lacroix.