
De gauche à droite : Odette Duriez (ex-sénatrice du Pas-de-Calais et chevalier de la Légion d’honneur), Nicolas Honoré (sous préfet de Béthune), Régis, Nicolas Bays (député du Pas-de-Calais), Jacques Herbaut (maire de Givenchy en Gohelle) ainsi que deux autres membres présents lors de cette journée commémorative.
Un 11 novembre riche en émotions à Givenchy en Gohelle, petite commune où Régis, vétéran de la guerre d’Algérie, s’est vu récompensé de ses années de services pour la France en recevant la médaille d’honneur de la main de Nicolas Honoré, sous préfet de Béthune.
Pour le coup, on peut dire qu’on a eu droit à la totale. Vétérans, politiques, photographes, habitants… Il y avait foule. À 11 h, à la mairie de Givenchy en Gohelle, c’est en musique que l’harmonie de Violaine ouvre la marche en direction du monument aux morts. Jacques Herbaut (maire de Givenchy en Gohelle) et Nicolas Honoré (sous préfet de Béthune) y déposent une gerbe commémorative signée par la main de Nicolas Bays (député du Pas-de-Calais). S’en suit le traditionnel discours de Mr le maire en hommage aux poilus tombés en 1914 et la Marseillaise, chantée par les enfants de l’école primaire communale. Anciens combattants, familles et journalistes avaient les yeux et les appareils photo (pour certains) rivés sur « l’homme du jour ». Régis, 20 ans en 1958, est enrôlé pour l’Algérie. Aujourd’hui, c’est la tête haute et le cœur serré qu’il reçoit la médaille d’honneur pour ses services rendus à la nation.
Même pas le temps pour une bise ou une poignée de main. Le cortège reprend déjà la route vers un autre édifice, dressé cette fois-ci à la mémoire des victimes britanniques. Et c’est sur les notes de « God Saves the Queen » (hymne national anglais) qu’une seconde gerbe est déposée. Des musiciens « fiers » qui en ce jour de commémoration veulent « servir au mieux leur devoir de mémoire ». Mais on n’entend plus rien. Une minute de silence semble s’imposer. La marche se dirige ensuite vers la salle des fêtes où quelques discours méritent d’être prononcés. Jacques Herbaut témoigne sa gratitude envers chacun et chacune, présent pour ce 11 novembre. Des remerciements sont adressés à l’harmonie de Violaine « dont tout le monde reconnaît le talent » et des « félicitations renouvelées » pour Régis qui, pris d’émotion ou de stress, semble avoir perdu sa langue. Nicolas Honoré désire à son tour ajouter quelques mots sur cette première guerre mondiale, qu’il qualifiera de « boucherie » et « d’absurdité criminelle ». Un sous-préfet qui se dit « très ému » d’être ici à Givenchy qui, rappelons-le, a été le « théâtre de batailles sanglantes » d’octobre à juin 1915 et la première ville à voir « les explosions de mines ». Anniversaire de l’armistice, célébration du centenaire et remise de médaille, « Nous avons un triple événement en ce 11 novembre », dit-il. Il semble qu’on ait mis les petits plats dans les grands cette année, il fallait « Marquer le coup » comme l’affirme Mr le sous-préfet.
On arrive à temps pour interviewer Régis, une grande première apparemment pour ce contrôleur administratif des mines à la retraite et ancien combattant. « Je suis très fier, le fait de me faire médailler un 11 novembre devant tout le monde… Je suis revenu 56 ans en arrière, ça m’a fait quelque chose. Étant donné les circonstances, une coupe de champagne ne serait pas de trop ». Un peu plus loin, on retrouve Fabrice, fils du médaillé, très ému, qui partage son émotion : « Je suis fier de voir mon père recevoir une médaille pour les services rendus à la nation. Ce n’est pas facile de se retrouver du jour au lendemain en première ligne avec une arme à la main… »
Le devoir d’éduquer nos jeunes et les générations futures sont aujourd’hui nos priorités dans le bassin minier « douloureusement touché » par cette Grande-Guerre 14-18. Rien de tel qu’un peu d’histoire et de mémoire pour répondre aux questions d’hier, une réponse pour Nicolas Honoré : « qui réside en chacun de nous ».
Corentin Lacroix.