Il y a une quinzaine de jours, le 16 mai précisément, Thierry Beinstingel, auteur sensible et particulièrement à l’aise avec le public est venu, dans le cadre de la sortie de son dernier roman, « ils désertent » à la rencontre des élèves du lycée Darchicourt.
Après avoir reçu le prix Eugène Dabit du roman populiste en 2012, le voici désormais détenteur du prix Amila Meckhert.
Dans une salle polyvalente où ne restait plus une seule chaise disponible, l’écrivain lauréat attachant et particulièrement à l’aise en public, prodigue en confessions sur le métier d’auteur, motivé par la perspicacité des élèves présents ce jour-là, a reconnu avoir largement puisé dans sa vie personnelle pour élaborer la trame de son dernier roman « Ils désertent ». Responsable des ressources humaines dans une grand entreprise de téléphonie, restituer le plus fidèlement l’univers de la vente reste sa démarche principale.
Avec un art incomparable pour relever la cocasserie du monde du travail, il porte sur lui un regard non dénué de tendresse qui lui permet de camper des personnages d’une très grande profondeur psychologique. Les élèves, bluffés par la finesse des descriptions lui ont posé à ce sujet des questions d’une grande pertinence, l’interrogeant sur la façon dont il puisait dans la matière de sa vie personnelle pour élaborer ses récits. « La parole génère des malentendus » a t il malicieusement souligné avant d’enchainer sur une anecdote particulièrement savoureuse concernant l’inondation récente de sa bibliothèque, incident duquel n’a survécu qu’un seul ouvrage, un nuancier de tapisserie apporté par un représentant quelques semaines avant. Il s’amuse encore que cet évènement imprévu lui ai fourni l’idée de la profession qu’endosserait le personnage de son dernier roman : représentant en tapisserie.
Observateur implacable de l’évolution du monde professionnel et de la singularité des langages qui lui sont liés, Beinstingel, très ancré dans la réalité n’en reste pas moins un rêveur obstiné et un véritable optimiste, en témoigne son amour pour Rimbaud dont il a tenu à souligner la modernité d’écriture. Les longs déplacements en voiture que son travail nécessite, moments d’évasions privilégiés dans lequel il trouve tout le loisir d’élaborer la trame de ses romans singuliers rendent d’ailleurs Thierry Beinstingel un peu semblable au poète de Charleville, grand voyageur devant l’impossible et qui décida un jour de tout quitter pour partir à l’aventure.
Il a ensuite évoqué ses enfants, meilleurs critiques de ses livres qui lui permettent de prendre un recul appréciable sur son parcours et de savourer les plaisirs de la célébrité tout en restant d’une humilité appréciable. Ce que les élèves, conquis par le charme et la facilité de communication de l’auteur invité n’ont pas manqué de remarquer.