Les élèves en enseignement d’exploration « patrimoines » du lycée F. Darchicourt ont imaginé une parenté imaginaire, un lien de filiation, du plus évident au plus ténu, entre les œuvres exposées lors de l’exposition 100 chefs-d’œuvre de Versailles au Musée des Beaux-Arts d’Arras et le patrimoine des musées de la région Nord-Pas de Calais. Découvrez cet étrange arbre généalogique, laissons les œuvres prendre la parole…
Grande toile de 223 sur 158 centimètres, j’ai l’honneur de représenter le Portrait de Marie-Antoinette, Reine de France.
La reine Marie-Antoinette, femme du roi Louis XVI, m’a elle-même commandée auprès d’Elisabeth Vigée-Lebrun en 1788. En effet, dès 1778, sans attendre qu’Elisabeth Vigée-Lebrun ne soit élue à l’Académie royale de peinture et de sculpture, la reine en fit son peintre attitré. Ma créatrice fut donc une des rares peintres femmes, reconnue par ses pairs ! En me regardant, vous pouvez admirer la reine de France en habits d’apparat. Née en 1755, Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, archiduchesse d’Autriche, devint reine de France en 1775 lorsque Louis XVI accéda au trône. Je suis conservé à Versailles, au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, mais vous pouvez me voir actuellement à Arras . La tenue dans laquelle Marie-Antoinette est représentée était très imposante, il était difficile de passer les portes « standard », de ce fait des portes à double battant étaient installées à Versailles. De plus, la mode de l’époque imposait une perruque grise et un teint pâle, donc les nobles se maquillaient excessivement.
Je suis l’aïeul de La Nourrice, La Mère cousant à côté du landau de son enfant, je ne l’ai pas connu et nous ne nous voyons guère, car nous sommes conservés dans des endroits différents. Je me moque de son sort, car nous n’appartenons pas au même rang social.
Je me présente, je suis La Nourrice, La Mère cousant à côté du landau de son enfant, peinture à l’huile sur bois, je mesure 49 X 39,5 cm.
Né au XIXe siècle et réalisé par Jean Joseph Vervloet, peintre et professeur des classes supérieures à l’Académie de peinture, dessin et architecture de Malines, je représente une paysanne cousant à côté du landau de son enfant dans sa maison, comme l’indique mon nom et suis entreposé au musée de Flandre, à Cassel. J’aimerais que mon ascendant, un autre portrait de femme, me porte de l’intérêt et faire partie de sa famille ; or, à ma plus grande déception, il reste complètement indifférent à mon égard.
Je suis aujourd’hui conservé au Musée départemental de Flandre d’art, d’histoire et de folklore situé à Cassel dans le Nord. Fermé en 1997, il a rouvert en octobre 2010, après la fin des travaux de restauration du bâtiment qui l’abrite, l’Hôtel de la Noble Cour. Les collections comptent environ 6000 pièces, de peinture, gravure et sculpture flamande. Le musée comprend également un jardin, conçu comme un mini conservatoire d’espèces caractéristiques des monts de Flandre. Siège de l’ancienne châtellenie de Cassel et de la Cour de Justice de Cassel jusqu’à la révolution, il a été classé monument historique en 1910.
Ismaël Ouzani
Je suis le fauteuil de Madame de Pompadour qui était la favorite du roi Louis XV, je résidais dans son salon lorsqu’elle accueillait ses invités.
Créé en 1750 par les maîtres- menuisiers Nicolas-Quiniber Foliot, Toussaint Foliot et Gaspard-Marie Bardo, mes pères m’ont choyée pour que je puisse accueillir mon illustre propriétaire. Ainsi pour honorer cette grande dame, j’ai été sculptée dans l’un des plus beaux bois. Mes bras tout comme mes jambes sont recouverts de feuilles d’or et ma poitrine est brodée de magnifiques fleurs. Ayant été mise au monde pour Madame de Pompadour, nul autre n’avait le droit de m’employer. Venez me voir à Arras.
Je vais désormais laisser la parole à mon arrière-petite-fille que j’aime tant pour qu’elle
puisse à son tour se présenter.
Mon arrière-grand-mère étant le fauteuil de Madame de Pompadour, je partage avec elle le même sentiment d’abandon, car plus personne ne m’utilise. Je suis une Chaise, née en 1948 des mains de Charles Eame, designer, architecte et cinéaste américain. La partie inférieure de mon corps est faite de chêne naturel massif tandis que ma partie supérieure est réalisée dans un plastique laqué blanc appelé polyuréthane, qui me donne un sentiment de pureté et de douceur. Malgré mes 68 ans, j’aime mon style résolument moderne. Je réside au musée de la Piscine à Roubaix. Je trouve ce lieu extraordinaire, car avant d’être un musée c’était une piscine. Ce dernier a ouvert ses portes le 21 octobre 2001 et est implanté sur le site de l’ancienne piscine Art déco de Roubaix.
Inès Kebaili